Longtemps stigmatisée par et dans les différentes sociétés, la santé mentale est aujourd’hui heureusement discutée. Des préjugés et des tabous subsistent pourtant toujours, c’est pourquoi il est important d’en parler pour les déconstruire!
D’autant que les problèmes de santé mentale peuvent affecter n’importe quelle personne. Les chiffres sont sans appel: selon l’Institut national de santé publique du Québec, 20% de la population québécoise sera affectée par un problème de santé mentale au cours de sa vie.
Malheureusement, il est aussi possible que le nombre réel soit plus grand, vu que certaines idées préconçues nous empêchent d’en parler davantage. Raison de plus (s’il en fallait une) pour s’éduquer!
Qu’est-ce que la santé mentale/psychique? Tentative de définition
Lorsqu’on entend santé mentale, on a tendance à associer ce terme à une idée négative, et au fait que la santé mentale serait un état négatif.
Hors, la santé mentale constitue une forme de bien-être globale. Les différentes sphères de la vie d’un individu contribuent à la construction de sa santé mentale.
La santé mentale ne peut pas se soustraire à la santé globale. Comme la santé physique, ou comme une plante qu’on entretient à la maison, la santé mentale doit être protégée et nourrie.
Définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
La notion de santé mentale est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé de la manière suivante : « (La santé mentale est un) état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté. Dans ce sens positif, la santé mentale est le fondement du bien-être d’un individu et du bon fonctionnement d’une communauté »
La définition de l’OMS montre bien à quel point le concept de santé mentale va au delà du fait de ne pas présenter de troubles mentaux.
Quels sont les différents troubles de la santé mentale?
De nombreux troubles psychologiques peuvent affecter la santé mentale d’un individu. On peut nommer les troubles anxieux, troubles de l’humeur ou de stress.
Troubles anxieux (anxiété, phobie)
Se sentir stressé à la veille d’un examen ou de débuter un nouveau travail n’a rien d’inquiétant, et nous passons d’ailleurs tous par là à différentes étapes de notre vie. L’état d’anxiété disparaît normalement une fois ces événements passés.
Il arrive cependant que l’anxiété devienne un problème au quotidien, dans le cas où elle apparaîtrait sans raison apparente et qu’elle empêche l’individu de vaquer à ses occupations quotidiennes. L’individu pourrait alors développer une crainte de voir l’anxiété apparaître à des moments où rien ne l’explique.
Ce sont dans ces cas-là que des troubles anxieux peuvent se cacher derrière l’anxiété. On distingue la phobie, l’anxiété généralisée, les crises de panique ou l’anxiété sociale.
Le sentiment d’anxiété est généralement accompagné d’autres symptômes qui perturbent le comportement et fonctionnement de l’individu, comme des étourdissements ou vertiges, une sensation de perte de contrôle, d’étouffement, une transpiration excessive ou encore une sensation de serrement au niveau de la poitrine.
Les troubles anxieux, qui apparaissent de façon inopinée, perturbent très souvent la vie quotidienne d’une personne, et peuvent aller jusqu’à l’empêcher de réaliser ses activités.
Stress post-traumatique
Le sentiment de stress post-traumatique affecte les personnes ayant vécu ou été témoin d’un événement brutal et traumatisant qui a été une menace à leur vie.
Lorsqu’un traumatisme se produit, l’individu réagit par un mécanisme de défense naturel, à savoir un sentiment de peur intense et une réaction physique (due à la sécrétion d’adrénaline). Cet état, qui se produit lorsque le choc survient, disparaît généralement rapidement.
On parle de stress post-traumatique lorsque l’individu revit cet état après l’événement, avec la même intensité, après avoir été exposé à un contexte lui rappelant son traumatisme.
Il arrive que l’individu évite (consciemment ou inconsciemment) des situations qui pourraient lui rappeler celle qui est l’objet du traumatisme, ou des situations qu’il jugerait menaçante. Le stress post-traumatique peut prendre la forme de flash-back ou de rêves.
La particularité du stress post-traumatique est que les symptômes peuvent apparaître quelques mois après l’événement, mais également disparaître de la mémoire de l’individu pendant plusieurs années avant de revenir de manière brutale à sa mémoire et de provoquer une souffrance intense.
L’apparition des symptômes est souvent associée à un nouvel événement, qui n’est pas forcément relié au traumatisme initial.
Des troubles du sommeil sont fréquemment observés. En effet, les personnes atteintes d’un stress post-traumatique peuvent avoir des cauchemars récurrents de l’événement traumatisant.
Ces rêves peuvent être provoqués par des éléments internes ou externes rappelant à l’individu l’événement ou le symbolisant. Il n’est aussi pas rare que la personne souffre d’insomnie chronique (liée à la peur de s’endormir et de revivre inlassablement l’événement).
Parmi les symptômes du stress post-traumatique, on note également un sentiment de peur intense, associé à des tremblements, des frissons ou une forte transpiration ; des difficultés à ressentir certaines émotions ou à se concentrer.
Troubles de l’humeur (dépression, bipolarité)
Les troubles de l’humeur sont caractérisés par des difficultés à contrôler les émotions, et à ressentir les émotions négatives de façon décuplée (tant au niveau de l’intensité que de la durée).
L’individu ne trouve souvent plus de plaisir à la vie, qui se limite pour lui à beaucoup de souffrance. Les troubles de l’humeur les plus fréquents sont la dépression et le trouble bipolaire.
La dépression peut se manifester sous plusieurs formes, comme la dépression majeure (caractérisée par une présence pendant au mois deux semaines des symptômes) ou la dépression saisonnière (généralement lorsque l’hiver survient).
Les symptômes de la dépression s’expriment physiquement et mentalement. Physiquement, cela se traduit par un manque d’énergie, des problèmes de sommeil (soit l’individu dort trop, soit pas assez), ou encore une diminution ou augmentation de l’appétit.
Mentalement, la dépression se traduit par une profonde tristesse, un sentiment de culpabilité envers soi-même et ses proches (appréhension d’être la cause d’une inquiétude), une diminution de l’estime de soi, ou encore une perte d’intérêt pour les activités de la vie quotidienne, quelles qu’elles soient (soins personnels, activité professionnelle, loisirs).
La bipolarité est un deuxième trouble de l’humeur. Une personne souffrant d’un trouble bipolaire voit ses émotions passer d’une excitation extrême à une profonde tristesse et détresse. Une personne bipolaire reste bipolaire toute sa vie, mais apprend au fil du temps à gérer ses symptômes pour être fonctionnelle.
Troubles de l’adaptation
Un trouble de l’adaptation peut survenir à la suite de plusieurs facteurs : un événement soudain (perte d’un emploi, décès d’un proche), plusieurs événements décevants (l’enchaînement d’échecs professionnels) ou de problèmes constants.
Le trouble de l’adaptation est caractérisé par la réponse à un ou plusieurs facteurs de stress identifiés d’un ensemble de symptômes émotionnels et comportementaux. Le fonctionnement de l’individu dans la vie sociale et/ou professionnelle peut être perturbé.
Quels sont les risques associés à un problème de santé mentale ?
Le cheminement de la vie d’un individu implique des changements et transitions qui, la plupart du temps, s’emboîtent correctement et permettent d’avoir une vie équilibrée, mais il arrive que des facteurs viennent perturber cet équilibre.
Ainsi, la vie et la santé mentale d’un individu peuvent être affectées par n’importe quel événement ou facteur de la vie quotidienne, à plusieurs niveaux, que ce soit familial, professionnel ou encore personnel.
Ces facteurs peuvent être de mauvaises conditions de travail, que ce soit des mauvaises relations avec des collègues ou son patron, perte d’un emploi ; un bouleversement ou un événement traumatisant, un conflit familial.
Il peut arriver qu’une blessure physique ou un accident perturbe notre équilibre quotidien et affecte notre santé mentale. Cela peut être le cas après un accident du travail par exemple, qui nous empêcherait de reprendre notre activité après un certain temps, à cause de douleurs physiques ou par peur de se re-blesser.
Un blocage psychologique peut nous empêcher de reprendre une activité par peur que l’événement traumatisant ou accident ne se reproduire (dans le cas d’un accident de voiture par exemple).
Qui peut souffrir de trouble de la santé mentale?
La maladie mentale ne fait pas de différence entre l’âge, le sexe, la nationalité ou le statut social. N’importe quelle personne ayant à priori une santé mentale saine et stable, et une vie équilibrée peut être touché par un problème de santé mentale.
Un bouleversement dans la vie d’un individu peut conduire à se sentir dépassé par les événements, avoir une chute de motivation et lui faire développer un problème de santé mentale.
De plus, il faut savoir que les liens génétiques peuvent jouer un rôle dans les problèmes de santé mentale. Par exemple, une personne dont les parents sont anxieux est plus à même de souffrir elle aussi d’anxiété.
Quels sont les signes qui peuvent indiquer un problème de santé mentale?
Des signes peuvent être identifiées chez une personne qui souffre d’un problème de santé mentale. L’individu subit des changements au niveau de ses émotions, de son comportement, de ses habitudes de vie ou de son humeur, ce qui va affecter son quotidien.
Ces signes peuvent être une grande fatigue, un état de stress permanent, un isolement, une chute de la motivation, des changements de l’appétit, ou encore un sentiment de grande tristesse ou de détresse.
Il est important de préciser que ces signes peuvent être identifiées par la personne elle-même, mais qu’il doivent surtout alerter l’entourage (famille, amis) de l’individu. Bien souvent, la personne qui souffre n’est pas en mesure de demander de l’aide à cause de ses symptômes.
Si l’entourage de la personne remarque qu’elle s’isole, qu’elle n’a plus de motivation ni d’engagement dans sa vie, même pour effectuer des tâches quotidiennes (se lever, se laver), il est primordial d’agir le plus tôt possible pour lui apporter toute l’aide nécessaire.
Il n’est jamais trop tôt ou trop tard pour prendre soin de sa santé mentale et recevoir de l’aide. Si vous suspectez l’apparition de symptômes, prenez rendez-vous avec un professionnel de la santé.
Celui-ci pourra vous diriger vers un intervenant ou un service qualifié, pour vous fournir un traitement adapté à vos besoins.
Santé mentale chez les jeunes : reconnaître les signes de troubles dès l’enfance
On l’a dit, il n’est jamais trop tôt pour prendre soin de sa santé mentale et celle de ses proches. La santé mentale doit être cultivée dès l’enfance et son bon développement est essentiel, puisque les schémas que nous apprenons en grandissant sont souvent ceux que nous reproduirons adulte.
Cela ne veut pas dire qu’il faut s’inquiéter dès lors qu’un enfant présente un signe, mais il faut être attentif et vigilant.
Des états de colère excessive, une hypersensibilité à la moindre remarque, une perte d’appétit, ou au contraire une tendance à augmenter de manière excessive son alimentation, des résultats scolaires anormalement en berne ou une tendance à passer beaucoup de temps dans sa chambre et/ou à dormir sont des signes qui peuvent alerter les parents ou l’entourage de l’enfant.
Qui peut poser un diagnostic sur l’état de la santé mentale?
Le diagnostic est réservé à certains professionnels de la santé. Ainsi, un médecin (de famille ou généraliste), un psychiatre ou un psychologue peuvent évaluer l’état mental d’une personne, et poser un diagnostic précis, tel qu’un trouble de l’anxiété ou de l’humeur.
L’établissement d’un diagnostic a pour objectif d’entamer les démarches et le traitement nécessaire pour venir en aide à la personne en détresse.
Prise en charge de la santé mentale par l’ergothérapie
Lorsque notre santé mentale est affectée, il arrive fréquemment que notre vie quotidienne le soit aussi. Ainsi, nous sommes parfois dans l’incapacité de poursuivre nos activités.
Un traitement en ergothérapie en santé mentale passe par des discussions autour de sujets précis, comme les routines et habitudes de vie, les sources et techniques de gestion du stress par la respiration, la gestion de la relation entre l’alimentation et la santé mentale, l’identité professionnelle ou encore l’équilibre occupationnel.
À chaque rencontre, l’ergothérapeute donne à son client des suggestions et des conseils à mettre en place à la maison.
L’enseignement fait aussi partie intégrante du traitement. Cela consiste à comprendre dans quelles mesures les symptômes influencent sur la vie du client, pour apprendre à les contrôler et les gérer.
Des stratégies pour protéger la santé mentale du client et développer ses ressources peuvent aussi être mises en place.
Si vous présentez des symptômes avant-coureurs qui pourraient être le signe d’un problème de santé mentale, n’ayez pas peur de prendre rendez-vous avec un professionnel de la santé afin que celui-ci vous apporte toute l’aide et le soutien nécessaire.